La formation du GDR a été motivée par les éléments suivants :
- les politiques publiques sont devenues un enjeux sociétal majeur parce que les problèmes sont devenus plus urgents et plus complexes : changement climatique, immigration, paix, protection de l’environnement, risques sanitaires dans une économie mondialisée, menaces sécuritaires, etc. sont des éléments qui invitent à envisager avec nécessité de nouvelles formes de partenariat public-privé, tant il semble que l’idée de solutions déterminées uniquement par le marché ou fixées unilatéralement par l’Etat soit devenue totalement non pertinente ;
- la demande d’intervention de la puissance publique qui va croissante et la construction d’une légitimité de ces interventions qui ne peut plus avoir les mêmes ressorts classiques : vote, délégation (social, culturelle, religieuse etc.), présence d’une autorité morale ou autre. Nous constatons en effet, les limites des systèmes représentatifs dans la plupart des pays développés résidant notamment dans la totale déconnection de ces systèmes avec des logiques intégratives ;
- l’acceptabilité de la demande d’intervention publique et donc de son efficacité à produire les effets attendus qui dépendent de plusieurs facteurs. Ces derniers comprennent la participation des parties prenantes, la construction d’argumentaires robustes et convaincants, la construction de relations de confiance, la flexibilité et la robustesse par rapport aux incertitudes structurelles de l’action publique au moment où l’évaluation des politiques publiques à l’aide d’outils purement économiques n’est plus tenable ;
- la complexité des enjeux qui est à la base d’un paradoxe qui creuse un déficit démocratique croissant : d’un coté le besoin de légitimation démocratique croit avec l’ampleur grandissante des enjeux, tandis que de l’autre coté la technicité des problèmes défie les compétences des citoyens ordinaires qui se trouvent ainsi pris entre l’injonction à toujours plus de participation et la difficulté à suivre leurs obligations citoyennes croissantes ;
- l’idée de remplacer les processus de construction des politiques par des processus et des modèles qui trouvent leur origine dans la gestion des affaires n’a pas été concluante non plus ; le “new public management” devient le “new public governance” et le concept de “evidence based policy making” est progressivement remplacé par celui de “policy analytics” ;
- l’aide à la décision dans ce domaine ne peut pas consister simplement en la proposition des outils et des méthodes développés (avec succès) pour l’amélioration de la gestion dans le pilotage des affaires, mais doit faire l’effort de concevoir une méthodologie innovante, probablement singulière capable de tenir compte de la spécificité des processus d’élaboration des politiques publiques (participation, ressources publiques, moyen/long terme, légitimité, délibération…) ;
- l’aide à la décision dans ce domaine ne peut plus consister non plus en l’utilisation des outils d’analyse hérités des sciences économiques : les analyses coûts-bénéfices ont montré leur inadéquation aux contextes où les impératifs de la participation et du débat public deviennent forts ; en même temps, les expériences participatives montrent de plus en plus la difficulté à gérer avec des dispositifs de ce genre des questions dont l’ampleur, la complexité, l’étendue des conséquences dépassent largement le cadre d’une communauté capable de se reconnaître dans un projet.
- aujourd’hui nous avons à notre disposition une quantité de données autrefois inimaginable, ainsi que des technologies de mise à disposition (streaming data, entrepôts des données, réseaux sociaux etc.) extrêmement puissants. Le problème est que dans la plupart des cas, nous ne savons pas comment interpréter ces données et leur mise à disposition n’est pas construite autour d’une idée de support d’un processus de conception d’une politique publique ; autrement dit, il manque des supports d’aide à la construction commune de sens.